Sur les trace de mon grand-père... Partie 7
Aujourd'hui nous entrons dans le vif du sujet, avec l'analyse du Journal de Marche et d'Opérations (JMO) du 36ème RI durant la troisième bataille d'Artois en septembre 1915. Ce combat sera la première bataille d'envergure dans laquelle mon grand-père sera plongé et le verra se distinguer par son courage.
Dans ce post nous allons donc nous intéressez aux jours précédents l'attaque et à la mise en place du 36ème RI pour l'assaut. Afin d'éviter de faire des posts trop longs, nous aborderons la bataille en elle-même dans le post suivant. Je vais reprendre ici la transcription du JMO que j'agrémenterais de commentaires et de cartes réalisées par mes soins afin de mieux situer les lieux et les actions.
17 septembre 1915:
Le 36ème est relevé par un bataillon du 289ème RI et des unités du 39ème RI qui fournit les travailleurs. La relève se termine au matin sans incident. Le 36ème RI rejoint par voie de terre les cantonnements assignés :
Etat Major, 2ème et 3ème bataillon + la compagnie de mitrailleuse du régiment + la compagnie de mitrailleuses de la brigade à Izel-lès-Hameaux
le 1er bataillon à Villers-sur-simon
Arrivée du régiment à 12h, troupes fatiguées.
(Ces deux villages se situent respectivement respectivement 19km et 23km à l’ouest de Neuville-Saint-Vaast)
18 septembre :
Le Lt-Colonel commandant le régiment passe en revue le régiment à 06h30 et remet des croix de guerre.
Du 19 au 21 septembre inclus:
Le régiment garde les mêmes cantonnements, et se livre à des expériences de destruction de réseaux de fils de fer par mitrailleuses, s’entraine aux nouvelles pratiques sur l’emploi de la cagoule contre les gaz asphyxiants, et fait des expériences de liaison entre avion et infanterie à Berles-Monchel (à quelques kilomètres au nord).
Le 22 septembre :
La 5ème Division d'infanterie relève la 130ème Division d'infanterie dans le sous-secteur sud, dont la limite est fixée au boyau d’albagua et la sape 4. Les 2 bataillons du 36ème RI cantonnés à Izel sont transportés en automobiles jusqu’au Mont-Saint-Eloi (5km à l'ouest de Neuville-Saint-Vaast). Les autres unités font mouvement par terre. Passage de la tête de troupe de relève à la chaussée Brunehaut à 19h.
Le 23 septembre :
Deux bataillons accolés en première ligne entre les parallèles 40 et VII inclus, un bataillon chemin des abris (1er btn), la Cie de mitrailleuse du 36RI et de la 10ème brigade à ?Lcoivres ? (mot illisible) (relève dans la nuit du 23 au 24).
Le 24 septembre :
Le bataillon stationné au chemin des abris reçoit l’ordre de l’évacuer avant 8h et se porter aux P2bis et P3, il est remplacé par un bataillon du 74RI.
Le 25septembre :
Conformément aux ordres reçus, le 36RI à 4h du matin se trouve entre les parallèles 40 et 10. Les 3ème et 2ème bataillons en 1ere ligne parallèle 40, le 3ème bataillon à droite. Dans chaque bataillon, les 4 compagnies en lignes ayant chacune un peloton en 1ère ligne et un peloton en renfort (2ème ligne). Le 1er bataillon est en 3ème ligne, les 1ères et 2ème compagnie derrière le 3ème bataillon, les 3ème et 4ème derrière le 2ème bataillon.
Zone d’action du régiment :
Limitée au sud par la tranchée aux ânes, tranchée de la justice et le point T’’’, cette ligne incluse, en liaison à droite avec le 129RI, au nord par la ligne exclue : boyau des communes, château de la Folie, en liaison à gauche avec la 6ème DI.
Axe de l’attaque :
Ferme de la Folie, Petit Vimy
Objectif du régiment :
Lisière Est du bois de la folie
Ligne de démarcation entre les 2 bataillons de première ligne :
Moulin détruit, R’’, ferme de la Folie, tous ces points au 2ème bataillon.
Toute la matinée du 25, l’artillerie continue la préparation commencée les jours précédents. Les chefs de bataillon rendent compte que la préparation est incomplète, des brèches insuffisantes ont été faites dans les réseaux de fils de fer. La tranchée du vert Halo, premier objectif de l’attaque est presque intact. La situation ne s’améliore guère à ce point de vue jusqu’à l’heure fixée pour l’attaque. Les mitrailleuses s’emploient à faire des brèches dans les réseaux de fils de fer, dans la nuit du 24 au 25 le génie à réussi à faire exploser quelques charges d’explosif sur les réseaux. Les moyens de franchissements sont apportés, environ 8 échelles par compagnie. C’est insuffisant, d’autant plus que les gradins de franchissement ne peuvent être créés dans les talus détrempés par la pluie. La sortie des parallèles de départ est longue et pénible.
(Les gradins de franchissement sont des "marches" permettant aux soldats de sortir de la tranchée qui est profonde de la hauteur d'un homme environ. Sans ces gradins, il faut sortir des tranchées à l'aide d'échelles, les mêmes échelles devant être utilisées pour franchir les réseaux de barbelés, en les posant dessus.)
Ordre donné pour l’attaque :
La première ligne, à l’heure fixée pour l’attaque (12h25) devait sortir de la parallèle 40 et des sapes en avant et marcher sur le Vert Halo, ne pas s’y attarder, la tranchée pouvant être minée et repérée par l’artillerie ennemie, gagner le plus rapidement possible la tranchée suivante (chemin des ???? prolongé) (mot illisible) – le recouvrement devant être protégé par la compagnie de mitrailleuse dont les 4 sections étaient réparties sur la 1ère ligne, deux à chaque bataillon de 1ère ligne. La 2ème ligne devait prolonger l’effort de la 1ère ligne et atteindre la Tranchée des Déserteurs. La 3ème ligne (1er bataillon) devait atteindre le Plateau de la Folie avec 2 sections de la compagnie de mitrailleuses de la brigade.
(la suite au prochain post)