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Sur les traces de mon grand père - Partie 9

Cela fait quelques temps que je n'ai pas posté dans cette rubrique et il est temps de s'y remettre !!!

Après les combats de Neuville-Saint-Vaast (voir la partie 8), le 36e RI est lourdement amoindri, les pertes ont été importantes: entre 25 et 30% des effectifs... La première journée a été la plus dure:

- 25 septembre:

officiers - tués:11 / blessés:21 / disparus:0

troupes - tués:121 / blessés:462 / disparus:195

- 26 septembre:

troupes - tués:30 / blessés:159 / disparus:125

- 27 septembre:

troupes - tués:1 / blessés:15 / disparus:2

Total = 1110 pertes pour un régiment qui devait compter entre 3000 et 4000 hommes. Mon Grand Père, chanceux, s'en tirera indemne.

Continuons d'examiner le JMO du 36 sur les semaines suivantes:

27septembre:

Les 2ème et 3ème bataillons sont relevés et viennent cantonner à ????? (Illisible). Le 1er bataillon va occuper les parallèles comprises entre VII" excluse et Vter.

28 Septembre:

Même cantonnements. Dans la nuit du 28 au 29, les 2eme et 3eme bataillons retournent occuper le secteur. le 1er bataillon va au vert Halo.

29 Septembre:

Même cantonnements.

30 Septembre:

Le soir départ pour ????? (Illisible). Le premier bataillon reste encore dans le secteur.

1er Octobre au 3 octobre:

Même cantonnements.

4 Octobre:

Dans la soirée du 4, le 36eme quitte le cantonnement pour reprendre le secteur. Vers 22h arrive un ordre d'attaque pour le lendemain. Poste de Commandement du Colonel pour la nuit: Le Portique.

5 Octobre:

Ordre général préparatoire à l'attaque du plateau de la Folie.

A l'heure H le groupe Dichairy (3eme bataillon du 36eme, 1 compagnie du 1er Bataillon du 39eme) attaquera la tranchée de la Folie, entre P''' et Q''' et les abords de P''' à cheval sur le boyau des Communs. L'effort principal doit porter sur P''' et ensuite sur le château de la Folie. A sa droite le reste de la division tiendra le front de R'' jusque vers V"V' et à sa gauche la 6ème division partant de la tranché des tirailleurs au nord de N''' attaquera les bois taillis dans la direction générale O-E.

Emplacements préparatoires à l'attaque.

A 4 heures, le groupe Dichairy doit occuper les emplacements suivants:

1) 2 Cies du 36e dans la tranchée de départ

2) 2 Cies du 36e dans le boyau des communs

La tête des 2 Cies le plus près possible de l’embranchement de la tranchée de départ.

3) la Cie du 39e, moins la garde de la barricade dans la tranchée des déserteurs, dégageant complétement le boyau des communs.

A la même heure (4h) le 2eme bataillon du 36eme dés que la compagnie du 39e aura dégagé le boyau des communs poussera de Q'' dans le boyau des communs et dans la tranchée de Nietzche jusqu'à 300m S du boyau des Joyaux.

Le bataillon Graplet (sans doute le 3eme bataillon ?) restera au vert Halo

P.C. du colonel commandant le 36e : abri caverne du boyau d'Albagnac (le même que le PC du colonel du 39e)

La préparation d'artillerie commencera à 9h

A 10h35 la division fait savoir qu'il n'y aura pas d'heure H. les éléments qui avaient été repliés pour permettre la préparation d'artillerie reçoivent l'ordre de réoccuper leur emplacement à 11 heures.

Pendant le reste de la journée, les travaux d'organisation de la position suivent leur cours. L'ennemi bombarde assez violemment, mais sans résultats importants.

6 Octobre:

Dans la soirée relève du régiment par le 108eme d'infanterie, le 3e bataillon reste dans le secteur ainsi que les cies de mitrailleuses.

7 Octobre:

Les unités relevées sont embarquées à 7 heures en camions automobiles sur la route de Haute-Avesnes à Acq (sortie d'Acq) et emmenées à Ivergny où elles arrivent vers 10h30.

8 octobre:

Le 3e btn rejoint le reste du régiment à Ivergny où il arrive vers 11h

9 octobre:

les cies de mitrailleurs (36e et 10e Brigade) rejoignent le 36e à Ivergny

10 au 17 octobre:

Même cantonnements. Exercices dans chaque compagnies (expériences de boucliers roulants Walther - lancements de grenades - services en campagnes).

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Je fais ici une petite pause de la transcription du JMO du 36e RI pour parler de ces fameux boucliers roulants Walter (sans H).

Dés le début de la guerre, nos ingénieurs vont tenter de trouver des astuces pour protéger nos soldats des balles ennemies, celà donner donc lieu à des expérimentations plutôt farfelues comme ces boucliers roulants. Ils étaient sensés être poussés par les soldats au premier rang afin de protégé les hommes qui au coup de sifflet s'élançaient à découvert....

4 types de boucliers furent expérimentés:

- le type Blaze

- le type Bénazet-Leblanc

- le type Barbières

- et le type Walter

Le type Barbières est un grand bouclier collectif à roues destiné à être poussé en position debout:

(source des images: http://humanbonb.free.fr/indexBouclierroulant.html)

Tandis que le type Walter est un modèle individuel destiné à être poussé en position "à quatre pattes":

Extrait du manuel du chef de section 1916: "Petit abri blindé monté sur 2 roues, pouvant etre dirigé de l'interieur par un homme à genou, qui peut ainsi s'approcher à l'abri d'un réseau ou d'une tranchée ennemie, et tirer ou observer par deux créneaux à opercules mobiles. On peut y adjoindre un treuil qui permet à l'homme de recevoir des explosifs de la tranchée de départ et peut l'aider à revenir en arrière. Les plaques protégeant la tête et la poitrine sont à l'abri de la balle K (perforante) , le reste (roues, volets, joues, toit ) à l'abri de la balle S même retournée, et de la balle K sous une incidence inférieure à 50 mètres."

Les avis sont pour ainsi dire, positifs seulement pour l'Etat Major, la troupe rendant un avis sans équivoque:

Extrait du témoignage de Charles Delvert "Carnets d'un fantasin" en formation à Châlons le 4 août 1916: "On a expérimenté le bouclier Walter. C'est une sorte de caisse d'acier qui couvre le dos, la tête et les côtes, carapace sous laquelle on s'introduit, et qu'en marchant sur les genoux on peut rouler jusqu'à proximité de l'ennemi sans craindre les balles. Walter est un ingénieur capitaine de réserve dans un bataillon de chasseurs ( 21ème BCP ). C'est un homme d'une trentaine d'années, long, fort maigre, doté d'une grande barbe blonde. Il porte l'uniforme sombre galonné d'argent des chasseurs. Il nous présente son bouclier de façon claire et fort simple. A cette expérience assistent le général Gouraud et une affluence de généraux du 9e, du 4e et du 18e corps. La séance s'est terminée par un discours du général Gouraud. Dans nos offensives, notamment en septembre dernier en Champagne, nous avonstoujours été arrêtés par les fils de fer barbelés, soit que notre artillerie n'ait pas frappé pour les démolir, soit que - placés à contre-pente- elle n'ait pu même les atteindre. Le bouclier Walter nous donne la solution du problème. Combien avez-vous fait de brèches dans la Somme ? Je vous ai dit cinquante, mon Général, pour rester au -dessous de la vérité. Cinquante brèches! Et il y a eu un tué et quatre blessés. Encore l'homme tué l'a-t-il été par un coup de fusil parti de chez nous. C'est un de ces accidents impossibles à éviter..."

Journal de marche officiel du commandement du Génie du 1er Corps d'armée à la date du 28 juillet 1915 (secteur : Nord-Ouest de Reims; Trigny): « Engin nouveau – Bouclier Benazet qui doit abriter une mitrailleuse et ses servants et leur permettre d'avancer en terrain découvert. Cet engin très lourd ne paraît pas susceptible de rendre de grands services. »

Desmaires du 74RI dit " [...] L'appareil Filloux, sorte de V métallique qu'on fixait au bout du fusil pour couper, d'une seule balle à bout portant, un fil de fer ; le bouclier blindé avec deux trous pour le passage de la cisaille et le mousqueton, dont les roues étaient remplies de sable... Ces appareils sont abandonnés comme fort dangereux... "

Le test d'un bouclier pour découper les barbelés effectuée à la 5eme DI en janvier 1915 donne le même résultat...

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Reprenons le JMO:

18 Octobre:

Manœuvres du régiment. Départ à midi. Rassemblement à la lisière S.O d'Ivergny Direction générale de la marche : S.O-N.E. axe de direction: église d'Ivergny - Min cote 161 (entre Beaudricourt et Sus-st-léger ) église de Grand Rullecourt . Rentrée au cantonnement à 17h

19 et 20 octobre:

Même cantonnements. Rien à Signaler.

21 Octobre:

A 9 heures revue de 5eme DI passée par le Général commandant la Xe armée (Général d'Hurbal) à la sorties E de Le Souich (200m au N de la route Le Souich-Ivergny)

Y prennent part le 36e en entier, 2btn du 129e, le 274e, 2btns du 74eme, la compagnie du génie 3/51, l'escadron divisionnaire

les troupes sont présentées par le général Mangin, commandant la 5eme DI.

Après la revue, le général commandant la 10e armée remet les décorations suivantes (pour le 36e):

Lieutenants Cahot, Mélouis,Tailhades, Rault (Chevaliers de la légion d'honneur), ss-lieutenants Chevalier, adjudant Kirpach, sergent Giard et Richer, Caporal Charbeau et Lisant, Soldat Dolbet (médailles militaires)

Après quoi le général d'Hurbal épingle au drapeau du 36e la croix de guerre avec palmes que lui a valu la brillante conduite du régiment au cours des derniers combats.

22 et 23 octobre:

Même cantonnements. Rien à Signaler.

24 octobre:

Le 36e embarque dans la nuit du 24 au 25 à la gare de Frévent pour se rendre à Ailly-sur-Noye (Somme). Départ échelonné de 3h en 3h. 1er btn et EM du régiment, embarquement à 19 heures départ à 22h15

les 3 compagnies de mitrailleuses de la brigade (36e, 129e et 10e brigade) s'embarquent le 25 à 4h, pluie torrentielle pendant l'embarquement du 1er btn et pendant tout le trajet des 2e et 3e btns d'Ivergny à Frévent.

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Voilà qui met fin à la "première période" comme je l'ai appelé, période où mon grand père à combattu en Artois.

Le 36e RI est envoyé à partir du 24 octobre 1915 dans la Somme sur le secteur Dompierre-Fay-Foucaucourt. C'est le début de la deuxième période qu'on abordera dans le prochain post.

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